Exposition au Musée de l’Ifan : Malick Mbow dresse son « Mur de portraits »
Sous le patronage de l’ancien premier ministre, Aminata Touré, l’architecte et dessinateur Malick Mbow a présenté ses œuvres au Musée Théodore Monod d’Art africain de l’Ifan.
Cette exposition, intitulée « Mur de portraits », est une « esquisse » de traits particuliers remplis d’émotions et de significations. Elle constitue également une innovation de par la démarche rafraîchissante de l’artiste qui utilise, comme support, le logiciel Paint.
La prouesse de Malick Mbow est de se « dévoiler » à travers les identités particulières des portraits sublimes sortis de son imagination poétique affranchie des « débridements » aventureux de l’artiste.
Il crée des univers de sens, sonde les émotions, adoucit et altère les traits pour s’offrir une large palette d’interprétations. Et l' »aboutissement », aussi imprévu pour lui-même que pour ceux qui découvrent ces merveilles, n’est pas seulement l’éloge du beau. Il est l’expression d’une humanité dans un espace agité mais porteur d’espoir fondé.
L’architecte réputé, qui se plaît à se mouvoir dans un autre cosmos d’esthétisme se libérant du formalisme rigide des puristes, avec déférence tout de même, fait du visage un champ d’exécution de sa créativité. Car, il n’est point question, ici, de reproduction triviale des formes, des instants de gaieté et d’anxiété. Malick Mbow formule des vœux sans en donner l’air, suscite une certaine appréhension sur le devenir des gens de la terre et, à travers sa révolte et son admiration, réécrit le récit de notre long et périlleux voyage.
Le génie du dessinateur qui animait la rubrique « Coup de griffes » dans le quotidien national « Le Soleil », se trouve aussi dans sa façon d’exprimer son sentiment propre, de s’affirmer dans ses œuvres qui sont censées nous révéler l’autre. Il le dit lui-même : « Je m’affirme à travers ces portraits pour savoir ce que je suis réellement » ; et sans doute à travers cette démarche artistique particulière que le professeur Babacar Mbaye Diop, commissaire de l’exposition, a bien voulu nommer « Paintisme », néologisme faisant référence au logiciel Paint.
A propos de cette approche innovante et rafraîchissante, il indique ceci : « Malick Mbow s’est apprivoisé l’outil informatique en réalisant, avec le logiciel Paint, son principal support (sa toile et sa palette de couleurs), de magnifiques dessins.
Il remplace les pinceaux du peintre par une souris d’ordinateur. Il inaugure ainsi une nouvelle démarche artistique : l’interface de Paint propose, en effet, au dessinateur plusieurs outils tels qu’un pinceau, un crayon, une gomme, des couleurs, etc., qui lui permettent de créer ». Malick Mbow en fait le créneau de demain. Il a créé plus de 3 000 « toiles » qu’il est capable de faire voyager partout sur une clé Usb !
Appréhension et admiration
Cette galerie de portraits couronnant sa fertilité d’esprit donne à voir une multitude de personnalités, quelquefois d’anonymes à l’image de cet « Enfant Unicef » sombrant dans le noir. Comme pour exorciser ses angoisses, une des œuvres de Malick Mbow fait « cohabiter » le président américain, Donald Trump, et le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un, figures, tous les deux, du mal-être d’une humanité fiévreuse. D’outre-tombe, Ben Laden observe silencieusement. Le mal absolu est, quant à lui, symbolisé par une « peinture » d’Adolf Hitler piétinant son propre portrait. D’autres figures politiques, sportives, artistiques y sont également (re)présentées.
Celles-là religieuses sont aussi dans une posture commode parce que l’artiste, guidé par une imagination consciencieuse, cherche à transmettre un message : « L’affaire de Charlie Hebdo m’a révolté. Il y a des limites à ne pas franchir. On ne peut pas se permettre de déshabiller une référence de toute une communauté.
On peut, à travers nos esquisses, porter un regard sur nous-mêmes, sur la société sans heurter ». En cela, il « nous invite à réfléchir sur ce que nous sommes réellement, sur ce que nous ne voulons pas montrer de nous-mêmes. La délicatesse dans le trait, la clarté dans la création, l’ingéniosité, l’exactitude dans la perception, son sens des proportions, sa technicité d’architecte-dessinateur-peintre, les profondeurs, la complexité des détails donnent à la production de Malick Mbow une valeur esthétique incontestable et une richesse plastique qui ne souffrent d’aucun doute », s’enthousiasme justement le Pr. Babacar Mbaye Diop, également sociétaire de l’Association internationale des critiques d’Art.
Malick Mbow raconte l’histoire par bribes pour partager un idéal et ses appréhensions. Il nous livre ainsi son être profond.
auteur : Alassane Aliou MBAYE – Le Soleil Online
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