Nouvel Hôpital Aristide Le Dantec
LIEU : Dakar
MAÎTRE D’OUVRAGE : Centre hôspitalier Aristide Le Dantec
MAÎTRE D’OEUVRE : Archi Concept International
TYPE : Hôpital
DEMARCHE ARCHITECTURALE
La construction d’un hôpital est par définition un moment important et symbolique. Le CHU nouveau est le signe concret du renouvellement, de la modernité et du progrès.
Cet établissement, dont la conception pavillonnaire avait été poussée à l’excès ne répondait plus aux besoins des soignants, aux attentes des malades, et aux contraintes d’un environnement technique, réglementaire et économique dont les exigences n’ont cessé de croître depuis 20 ans.
Afin de ne plus se dérouter au gré des décisions ponctuelles rendues nécessaires par l’urgence, pour ne plus simplement subir les évolutions de son environnement l’Hôpital Aristide Le Dantec a décidé de prendre son avenir en main.
Cela l’a conduit à entamer une large réflexion au milieu des années 98 sur les objectifs d’un CHU, sur son organisation et sur ses besoins. Le travail mené par l’ensemble de la communauté hospitalo-universitaire s’est concrétisé par la rédaction d’un plan directeur qui dresse les grandes lignes que le CHU se doit de mettre en œuvre pour adapter ses structures aux évolutions culturelles, sociales, technologiques et économiques de notre société.
Repenser l’hôpital et l’adapter à notre mode de vie culturel et social pour prendre en charge correctement nos malades et accompagnants dans des structures sanitaires adaptées.
Cette conviction demeure au fond de moi la seule réalité : il ne sert à rien de faire des réformes sans une approche analytique profonde de la place que nous pouvons attribuer dans un pays en développement (si on veut croire à un développement), que le premier concerné est la population la plus démunie qui se trouve, dans la plupart des cas, dans un isolement extrême.
Une réflexion dans le milieu hospitalier tel qu’il est conçu jusqu’à présent en Afrique est urgente et nécessaire afin de réguler les flux migratoires qui transitent dans l’espace hospitalier :
Le mot migratoire est utilisé en comparaison d’une substance qui se déplace à l’intérieur d’un corps : »l’hôpital ».
L’architecte en est l’organisateur, le praticien qui doit établir l’équilibre entre la logique du caractère strict que renferme l’idée hôpital et le monde extérieur »la ville » représentée par le visiteur.
Calqué sur le modèle occidental, l’hôpital Sénégalais est mal adapté au mode culturel africain »prendre en charge le malade ».
Dans la culture africaine l’hôpital ne doit pas être seulement un lieu pour accueillir des malades, mais il est aussi un lieu de vie où le patient n’est jamais seul face à sa maladie : « Il est très souvent accompagné par une ou deux personnes pendant son séjour d’hospitalisation ».
L’architecte ne peut pas ignorer cette problématique qui implique d’importants problèmes d’organisation handicapant le fonctionnement des services. Ces problèmes trouvent en premier leur source dans des infrastructures inadaptées. Ceci a pour conséquence une dispersion des efforts, notamment en ce qui concerne les accompagnateurs.
« Nos hôpitaux sont submergés, l’hôpital Aristide Le Dantec à Dakar a été conçu pour accueillir 350 à 400 lits, Il se retrouve actuellement à plus de 1200 lits et chaque malade est accompagné de deux à trois personnes qui s’occupent de lui. C’est là un problème économique. C’est aussi un problème de comportement social » Pr Assane DIOP.
Il convient de prendre en compte les personnes accompagnants les malades, dans une approche architecturale, les insérant dans le milieu hospitalier sans altérer le fonctionnement du corps hospitalier, et la quiétude des patients.
Une recherche méthodologique concernant l’architecture hospitalière dans les pays en voie de développement :
L’observation de l’hôpital Aristide Le Dantec à Dakar m’a permis de développer une méthode d’approche des problèmes architecturaux de développement efficace et pragmatique, sachant qu’une méthodologie n’est pas un « lexique » de recettes toutes faites mais un outil théorique de base que l’on doit manipuler avec soin lorsqu’on l’adapte sur un terrain précis . Nous mettons en évidence les grands groupes de problèmes qui sont toujours liés à l’intervention de l’usager, la prise en compte d’une culture, la légitimité de son identité, la société dans laquelle elle s’intègre, ainsi que les problèmes politico-économiques qui nous donneront des éléments quant à la nature et à la possibilité d’une intervention.
Ma « méthodologie » n’a pas la prétention d’être une théorie applicable à toute démarche architecturale dans ce domaine, elle n’est qu’un outil d’analyse personnel qui me permettra d’appréhender la réalité d’un contexte précis avec un terrain et un programme qui sera soumis au jugement des techniciens et de la population concernée.
Son but est également d’intégrer une partie de la population défavorisée des pays en voie de développement dans le domaine de réflexion sur l’architecture hospitalière.